youmaitresse

Fév 18, 2023

Juin 2020, on traverse une période sans précédents, tous comme les écoles, les mosquées sont toujours fermées depuis plus de 3 mois. Le mois de ramadan vient de finir et il laisse un gout amer aux habitants du Maroc, voilà des mois que l’adhan résonne sans que personne ne puisse y répondre. Un mois de ramadan qui ne sera pas également suivi d’une fete du Aid comme nous avons l’habitude de le vivre. Cependant les commerces commencent timidement à réouvrir et j’ai l’espoir que les mosquées vont suivre et que nous pourrons célèbrer l’aid al adha tous ensemble. Avec l’arrivée l’été et l’approche de la fete,  je décide de faire le tour de ma garde robe : 3 jilbabs que j’avais amené de France en arrivant, des jilbabs que j’ai déjà depuis plus de 5 ans, la couleur du premier commence à être passée au soleil, les coutures du deuxième commencent à lâcher et la couleur du troisième ne me plait plus vraiment. 

Direction Hay Farah. Petit quartier commerçant de Casablanca ou se vendent entre autres les vêtements shar3i, on en trouve un peu partout mais cet endroit a bonne réputation. Pourtant à ma grande déception, après avoir fait le tour des boutiques et étendu mes recherches au kissariat de la ville, je ne trouve rien à mon gout, les coupes, les tailles, les couleurs, le choix du tissu, je n’arrive pas à trouver ce qui me plait .

Rien qui n’allie Confort & Conformité mais surtout qualité…

Il est connu qu’en fonction des régions, des pays, des mœurs et coutumes le style de vêtements porté par la femme musulmane varie, c’est probablement une des raisons pour laquelle je ne trouve pas mon bonheur. Ma déception est doublée lorsque le jour du Aid arrive et que nous apprenons que les mosquées ne réouvriront pas pout la fête.

L’idée est trouvé, moi qui voulait me lancer dans l’entreprenariat, c’est décidé. C’est dans les tenues shar3i pour nos sœurs, que je vais me lancer ! Je veux proposer aux femmes de la meilleure des communautés, celles qui se lèvent avant le soleil, des vêtements qui leur ressemblent, un choix plus large de tenues pour le quotidien.

Pour qui? c’est décidé, comment? ça c’est une autre histoire… A la base je suis maman/maitresse qui essaie de joindre les deux bouts, je n’ai rien d’une entrepreneuse. L’année scolaire est finie et les compléments des salaires de l’année sont versés. De combien je dispose ? C’est avec un mois de loyer de retard, sans frigo ni machine à laver, 5000dhs et un smartphone chinois, une envie de réussir  et un tawakul gonflés à bloc que l’aventure Youmadame débute…

Salam aleykoum, bienvenue à toutes !

Voici le premier article, qui, je l’espère sera le début d’une longue série in sha Allah. Après deux ans et demi d’existence, je me suis dis qu’il était peut être temps de commencer à vous raconter notre histoire. Tellement de choses à vous dire, à vous partager…

Évidemment une partie seulement car il y a des choses qui relèvent de l’intimité de nos personnes mais également de peur de voir la validité de nos actes annulée ou diminuée. Pourquoi après deux ans et demi et pas avant ? Car, à contre courant, nous avons décidé de développer notre marque loin du story telling attendrissant, des ventes misées sur l’émotion… Oui, c’est plus dur et c’est plus long mais ça ne nous ressemblait pas. Allez, je pense qu’on peut y aller : bismillah. 

Moi c’est Oum Adam, fondatrice de la marque Youmadame et comme il était important de commencer par le commencement il faut que vous sachiez qu’avant Youmadame il y a eu « youmaitresse ». Avant d’etre la commerçante que vous connaissez actuellement j’étais institutrice. 

Mars 2020, alors que je suis pleinement epanouie dans mes fonctions, la petite école populaire de Ain Chock à Casablanca dans laquelle je travaille est comme tout le reste du pays, voir du monde frappée par la crise du Covid-19. Sans rentrer dans les détails d’un point de vue professionnel je vais traverser une période qui ne sera vraiment pas simple pour ne pas dire très difficile. Entre autres, les structures ferment leurs portes, les élèves, ainsi que mes enfants sont renvoyés, chez eux les salaires sont menacées. On s’active, on s’organise et finalement un arrangement est trouvé avec la direction, les cours auront lieu en distanciel et les salaires seront maintenus à 60% avec promesse du versement du complément au terme de l’année…Pas évident mais pas le choix donc je patiente comme le reste de la planete et après tout je pense que je suis loin d’etre des plus à plaindre al hamdoulilah.

Casablanca est au ralenti, presque à l’arret, et celles qui l’ont vécu vous le diront c’est plutot impressionnant pour la capitale économique du pays qui ne s’arrete pratiquement jamais. Au fur et à mesure des jours et des semaines je me réorganise et une nouvelle routine prend place. C’est le grand vide dans les rues mais également dans ma tete. Les mois passent et l’été et la fin de l’année scolaire approchent. C’est dans cette période de « chaos social » ou les chars militaires passent tous les soirs sonner le couvre feu sous mes fenetres que l’idée déjà entérrée plusieurs fois de lancer mon propre projet renait. Sans vraiment trop réfléchir, c’est sans concertations ni conseils que je décide de me lancer dans l’entreprenariat.